Une histoire de chat

                                                                            OH !...SALE BETE

 

couchée sur mes cuisses, elle entre  ses griffes dans mon épiderme, je serre les dents, plisse les yeux, elle ronronne, joue du piano avec ses pattes avant et du tambour avec sa queue. Quand tu ne sais ce qu'est jouer, tu me fais mal !...

                                                                  Oh sale bête !...

Imaginez le trio, avec le bruit de ma bouche. Elle lèche le poil de ses côtes avec sa petite granuleuse, de suite après le passage de mes mains. Je ne puis bouger de cette chaise en bois moderne, par crainte de la mettre en désaccord avec moi, comme toujours; ce que je fais, elle miaule, saute, fait le gros dos.

                                                                  Oh sale bête !...

Levé, je m'étire, dirige mes pas vers la cuisine pour je ne sais quoi !... Elle vient vers moi, je réfléchis, je regarde, si bien sûr !..., j'avais oublié ses croquettes. Je saisis le paquet sur l'étagère, de l'autre main j'attrape une poignée d'aliments industriels, la verse dans son assiette. Soit elle mange, ou cherche des chatteries. Je n'ose la prendre au sérieux. Je me redresse, elle marche sur mes pieds, culbute et me rattrape au frigidaire.

                                                                  Oh sale bête !...

                                                                   

Elle monte sur le carrelage du meuble de rangement, passe à côté de l'égouttoir, entre dans l'évier et boit l'eau du fond. Je la fixe, elle de mème, miaule et file à toute vitesse.

                                                                  Oh sale bête !...

Je vais aux toilettes, elle attend derrière la porte ma sortie, je la vois assise, fais miaou !...

Elle me répond. Son jeu favori: elle entre dans la salle d'eau, pénètre dans la baignoire,  attrape le bouchon d'écoulement, le coince dans sa gueule, le dépose sur la sortie de bain mouillée, il me reste à nettoyer le rebord et le fond de ses empreintes.

                                                                  Oh sale bête !...

Etendue sur le fauteuil, les oreilles droites, elle écoute les murmures, regarde les ombres bouger sur l'écran de télévision. Elle descend et cherche à monter sur les plantes, arrache les feuilles vertes, je la regarde, aussitôt elle comprend et file jouer avec un but que je lui ai donné, utilisé pour mes parties de pétanque. Elle va le claquer contre les plinthes avec ses pattes de velours. Elle détale, bondit sur le mur, s'agrippe au papier peint du salon, le déchire et laisse de profondes traçes de griffes, me restant à changer la tapisserie et refaire les peintures.

                                                                  Oh sale bête !...

Je pose les chaises sur les deux tables, passe le balai, elle court après. J'ouvre la porte-fenêtre du balcon, passe la serpillière, elle marche sur le sol mouillé, sort, saute sur le rebord du balcon. Elle vient à moi, je crains qu'elle ne tombe et lui dis; " tu es folle     

                                                                      

                                                                   Oh sale bête !...

Je la saisis, elle miaule son désaccord et je la rentre dans l'appartement, referme la porte vitrée. Installé sur une chaise, j'écris quelques lignes, elle vient sur mes genoux, voulant attraper mon papier. Je la repousse, lui fais un bisou sur la tête et la caresse. Ronronnement habituel, elle redescend, va dans sa caisse et fait ses besoins. Une mauvaise odeur, je me lève alors en plein travail, nettoie la caisse, remets du sable propre.

                                                                    Oh sale bête !...

Mon ventre gazouille, je me prépare quelque chose de chaud, je mange, au milieu du repas, rebelote. L'odeur vient à mes narines, me coupe l'appétit. Même travail !...

                                                                    Oh sale bête !...

Les animaux savent bien vous embêter au bon moment, mais les besoins ne sont pas obligatoires quand nous mangeons !...

L'homme est un être humain, l'animal un être vivant. Soyons unis pour le pire et le meilleur, comme pour un mariage. Seulement là, pas de curé, mais notre conscience propre. 

                                               Je l'aime, je l'adore, ma sale petite bête !...

                                                                      J.R.S                         Le Puy   Novembre 1997